J’espère que la rentrée va bien se passer pour vous, comme promis : sujet intense mais important on va parler de polémiques sur le financement des jeux, sur les « DEI », Sweet Baby Inc, et le climat qui en découle en rappelant des fondamentaux et en étayant le tout avec des faits, accrochez-vous !
Alors à moins de ne pas traîner sur les RS, mais dans ce cas vous ne verrez jamais ce thread donc on va oublier, vous avez sans doute constaté une augmentation MASSIVE des polémiques à la con. Dans le JV, et pas que (on y a droit dans le ciné et la pop culture en général) , et ils sont allés jusqu’à casser les bonbons sur Tolkien, ou Warhammer 40K, y’a littéralement 0 limite à la connerie, d’autant que ces polémiques sont en général le fait de crétins incultes, qui ne connaissent ou ne jouent pas aux œuvres mais sont toujours dispo pour venir chialer…
Pourquoi du consulting pour un jeu vidéo ?
On va commencer par la place du consulting dans le JV, et oui on va aussi parler de Sweet Baby Inc puisque ça a fait couler tellement d’encre, mais on va au passage rappeler un truc fondamental. En rhétorique, comme en droit, la charge de la preuve tombe sur les épaules de celui qui « attaque ». Je vais essayer de limiter le jargon pour faire simple. En gros, si je dis que tu adores te mettre des clés de 18 là où le Soleil ne brille jamais, je ne peux pas me contenter de le dire et d’attendre que TU te défendes et que tu apportes la preuve du contraire… Autrement on passerait nos vies à se défendre de toutes les conneries et ragots. Pire encore, tu peux te prendre un contre kems avec un procès en diffamation si tu portes préjudices aux gens en racontant de la merde, sans preuves. Alors des preuves c’est plein de choses et elles ont une force différente selon qu’on parle de « on dit », de témoignage direct, de preuve écrite etc… Donc quand Jean-Raciste et René-Conspi te balance des conneries qu’ils ont lu sur Reddit, et qui reste du domaine du probable ou du potentiel, et bien on tombe dans la rumeur ou la conspiration et pas l’information.
Donc pour vous livrer des informations et autres témoignages en direct, les sociétés de consulting dans le jeu vidéo j’ai toujours connu ça. De mes débuts en indie au AAA, on a des experts qui nous aident sur différents aspects. Le marketing, la com, l’image et les concepts du jeu, le QA, les spécialistes (armes, combat, Histoire etc…) , mais le plus commun c’est le consulting par des anciens journalistes au travers des « silent reviews » , « fake ou mockup reviews »… Bref y’a plein de noms, mais l’idée c’est qu’on vous fournit des tests qui montreraient ce que les journalistes auraient à dire du jeu, avec des estimations des notes des différents sites en tenant compte de leur biais… Oui ça existe. Et ça sert à faire évoluer le jeu, changer les axes de communication, c’est un outil fondamental.
DEI et Sweet Baby inc
Alors que fait une boite comme Sweet Baby inc ? Bin eux ce sont des anciens dev, qui se spécialisent dans le script, et notamment sur les aspects de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) . Ce sont des métiers plus communs et anciens dans l’édition et le ciné, on parle souvent de sensitivity reader. Là encore ce sont des consultants, payés pour donner des retours, que l’équipe choisit ou pas de suivre, c’est consultatif, il n’y a pas de pouvoir coercitif. Et c’est là que tout part en couille parce que tu as beau le répéter, et le vivre, tu auras toujours des gens pour te dire que « non, ça se passe pas comme ça » et qui fantasment un univers dans lequel un putain de consultant ferait la loi sur des prods de plusieurs centaines de milions…
Donc on rentre dans une affaire de foi, et pas de faits, on a jamais et on n’aura jamais un seul élément factuel pour démontrer qu’un consultant prends les décisions à la place d’une équipe, mais dans la tête de certains c’est tellement plus jouissif d’imaginer une cabale dont la mission secrète serait de détruire l’industrie du jeu vidéo en étant inclusif… Et du coup argument massue des spécialistes : “Mais c’est les politiques de financement qui récompensent l’emploi de Sweet Baby et des DEI et c’est pour ça que tout le monde doit bosser avec…” . On l’a tous entendu. 1000 fois. Donc difficile de ne pas parler politique ou conspi quand on voit la méthodologie employé, encore une fois 0 démonstration ou lien, juste des raccourcis éclatés. Est-ce qu’il existe des incitatifs financiers à être plus écolo, inclusif etc… OUI. Est-ce que ça compte? HAHAHAHAHAHA !
La DEI, priorité de Blackrock ? Vraiment ?
Alors on nous parle souvent de l’entité la plus représentative et cité par tous nos analystes spécialistes de Tolkien, 40K, du JV, de la finance, et plombier au passage. Alors Blackrock les enfants, c’est un énorme trust qui gère des sommes qui dépassent l’entendement… On connaît parce qu’en Amérique presque toutes nos retraites contiennent des tonnes de Blackrock (oui j’ai pas mal de ça dans mon portfolio) , et devinez quoi ? Le but d’un fond c’est pas de faire dans le gentil, mais dans le pognon ! CHOC !!!! Oui alors ton gentil Blackrock qui siègerait à des dizaines de milliers de board, parce qu’ils ont que ça à foutre, il passerait leur temps à interrompre tout le monde pendant les CA en demandant plus de LGBT et d’écologie dans les jeux, parce que c’est leur kiff… Pour alimenter deux secondes le bordel :
- BlackRock obtient la note F pour ses investissements dans les armes militaires
- BlackRock en lice pour le Panthéon de la honte 2022
- BlackRock ouvre une société d’investissement saoudienne avec un apport de 5 milliards de dollars du FIP
Donc Blackrock investit de bâtard dans les armes, le pharmaceutique, mais aussi des milliards en Arabie Saoudite, dont le prince a une boite au capital énorme dans Blackrock, tout ça parce qu’ils sont connus pour leurs valeurs humaniste et pro LGBT hein mes bibous ? Donc bon on sort la tête du fion deux minutes et on essaie de réfléchir.
On comprend que le financement d’un JV est décidé des années en avance avec des tonnes de validation interne et qu’un CA n’a rien à dire dessus. Les jeux sont financés par les éditeurs, et ils peuvent procéder à des levés de fonds, des émissions de titres, mais lors d’un CA (et je rappelle qu’on a des rapports complets des CA par de nombreux journalistes) , on n’a jamais entendu une seule fois quelqu’un parler de DEI pour financer un jeu. On veut des titres qui vendent pour faire du pognon pour les actionnaires et Blackrock. Aucun investisseur n’en a quoi que ce soit à foutre du contenu des jeux, c’est putain de triste mais c’est clairement le cas.
La DEI n’est pas le problème, la toxicité oui
Du coup, je rappelle que si d’entrée de jeu tu n’es pas ouvert à la discussion raisonnable, et que tu crois tes convictions profondes, c’est comme si je parlais avec un mec qui pense que la Terre est plate et qui a décidé que peu importe la démonstration il ne me croira jamais. Et bien on a rien à se dire parce que tu touches à la foi, tu crois en des théories sans preuves concrètes et le mieux c’est de s’éviter. Parce que pour ceux qui auraient oublié et qui adorent se lancer dans des guerres parce que le perso il est trop moche, noir, pas assez siliconé pour eux et dont les PP contiennent un joueur de foot, un perso de manga et qui ont le blue check, le monde ne gravite autour de vous, et chaque jeu de l’univers n’est pas fait pour VOUS plaire. Le JV c’est totalitaire, on a une vision, une envie et on fait une proposition. Tu peux adhérer ou pas, tu peux expliquer pourquoi, mais venir chialer en demandant de tout changer pour plaire à un groupe en colère (peu importe l’obédience hein!) , c’est non. Et se lancer dans des croisades à chaque fois c’est pathétique putain, trouvez-vous un vrai hobby, jouez, lisez faites quelque chose c’est plus possible…
À titre personnel, j’ai toujours compris que je n’étais pas le personnage des jeux, mais un spectateur actif, qui découvrait une histoire et j’ai plaisir à incarner des hérissons, des plombiers moustachus, des aventuriers elfes, des marines de l’espace aux couilles en titane, des aventurières fragiles, des ados en crise, peu importe du moment que je vis une belle histoire, dans un monde auquel j’adhère. Et je comprends parfaitement que le héros standard n’a pas besoin de toujours avoir la même gueule et le même background. On peut proposer plein de choses, et au vu de la quantité dingue de jeux qui sortent, on ne peut pas dire qu’on nous met un flingue sur la tempe pour nous forcer à jouer. Si un contexte, un propos ne te plait pas, joue à autre chose au lieu de passer ta vie à jouer les experts en finance ou en design, et pire encore harceler les devs et les joueurs parce que tu n’aimes pas UN PUTAIN DE JEU VIDEO!
Donc vu le turbo débile qui gère Twitter, et le type de contenus et de comptes qu’il met de l’avant je sais bien qu’on a pas fini de pleurer, mais j’espère à minima avoir donner 2 secondes de réflexions à certains, et une meilleure idée du fonctionnement du financement et du consulting, et je profite de cette journée de congé ici, pour doser sur StarWars Outlaws, et filer au ciné avec les monstres voir Alien Romulus.
Prenez du plaisir, prenez le temps de vous poser quand on vous affirme quelque chose, et prenez surtout soin de vous et des autres.
Bonne semaine gaming, promis je vais essayer de rester plus zen. Mais je promets rien hein!!! 😀
J’espère que la rentrée va bien se passer pour vous, comme promis: sujet intense mais important on va parler de polémiques sur le financement des jeux, sur les « DEI », et le climat qui en découle en rappelant des fondamentaux et en étayant le tout avec des faits, accrochez-vous! pic.twitter.com/aIfQUYVXfC
— Aymar Azaïzia (@AymarMtl) September 2, 2024
Fondateur de zeGeeks, rédac’ chef, responsable éditorial, graphiste, monteur vidéo, webmaster… en un mot le « métronome » du média. Reconnu pour accomplir diverses tâches avec sa bite et son couteau (suisse) . La légende dit qu’il serait le fils caché d’Hideo Kojima et d’Akira Toryama.
