C’est l’heure du bilan pour Playstation, plus de quatre ans, après la sortie en grande pompe de sa console nouvelle génération, la PlayStation 5. Le moment est venu de tirer les premiers enseignements et éventuellement de réajuster la stratégie commerciale de la marque, toujours pour maximiser les revenus. D’autant plus que le départ à la retraite quelque peu précipité de Jim Ryan, le CEO de la division gaming de Sony peut être vu comme l’occasion d’un changement de cap stratégique pour l’année 2024.

Un début d’année 2024 mitigé pour Playstation

Le 14 février dernier, Hiroki Totoki, président de Sony Interactive Entertainment, annonce lors du troisième trimestre du bilan financier 2023-2024 que la PS5 a dépassé les 50 millions d’exemplaires expédiés, soit un chiffre d’affaires record pour ce trimestre d’environ 8.9 milliards de dollars. Au premier abord, ça semble une bonne nouvelle pour la multinationale japonaise. Toutefois, dans une interview auprès de Bloomberg, Naomi Matsuoka, vice-présidente senior de Sony, annonce que la marque envisage un ralentissement des ventes de la PS5 en ces termes : « nous nous attendons à ce que le rythme annuel des ventes de matériel PlayStation 5 commence à baisser à partir de la prochaine année fiscale», soit à partir d’avril 2024.

De fait, Sony estime revoir ses objectifs à la baisse en passant de 21 millions d’exemplaires de consoles expédiées d’ici la fin du mois de mars 2024, contre les 25 millions précédemment envisagés. En même temps, le fabricant japonais a refroidi ses fans en annonçant qu’aucun titre majeur exploitant ses licences phares comme Spider-Man ou God of War ne sortiront avant avril 2025. Cette dernière  affirmation peut inquiéter quand nous savons que pour certains les exclusivités sont un vecteur primordial pour les ventes. Bien sûr, les exclusivités comme Final Fantasy VII Rebirth ou Rise of The Ronin sont là pour rassurer les consommateurs mais surtout les investisseurs.

Le président de SIE a également indiqué que l’augmentation des marges était compliquée notamment par les coûts toujours élevés de la PS5 mais que les jeux First-Party sont toujours un moteur important pour cette augmentation : «Les titres forts qui connaissent une croissance sur PS5, PC et autres plateformes élargiront nos marges. Nous pensons que nous avons des opportunités d’amélioration de la marge et avons l’intention de les exploiter de manière agressive.»

La Playstation 5 pro pour relancer les ventes de consoles ?

L’objectif fixé à la fin du troisième trimestre fiscal n’a finalement pas été atteint. Ainsi le 14 mai dernier, Playstation annonce un total de 20,8 millions de PS5 vendues lors de l’année fiscale 2023. Pour le prochain exercice fiscal, Sony prévoit l’expédition de 18 millions de consoles, c’est-à-dire encore moins qu’en 2022. Ce qui confirme les dires de la marque nipponne en février dernier estimant que la console entre dans la «seconde moitié de son cycle de vie».

Bien entendu la rumeur plus que persistante du lancement d’une PS5 Pro pourrait relancer l’engouement autour de la marque nippone. Pour rappel, la PS4 Pro, sortie en Novembre 2016, s’est vendue à plus de 14 millions d’exemplaires, soit environ 12% sur le total de PS4 vendues (117 millions) . Un score suffisant de toute évidence pour convaincre Playstation de retenter l’expérience avec sa console next-gen.

Un bilan malgré tout satisfaisant pour Sony et Playstation

Après la prise de parole de Sony lors du Sony Business Segment Meeting 2024 du 23 mai dernier, la marque nippone a détaillé sa nouvelle stratégie pour l’année 2024 pour PS5. Ce fut la première communication commune de la part d’Hideaki Nishino, responsable de l’expérience chez Sony Interactive Entertainment, et d’Hermen Hulst, responsable des studios PlayStation.

Tout d’abord, nous apprenons que les revenus générés par la PS5 battent tous les records par rapport à la PS4 qui étaient déjà impressionnants. Le résultat opérationnel a déjà atteint les 10 milliards en 4 ans alors que pour la génération précédente, il avait atteint les 9 milliards en 7 ans. À noter également que lors de cette prise de parole, Hideaki Nishino a précisé que la PS4 représentait encore la moitié des joueurs PlayStation, et donc une part encore importante des activités de service de la marque dont le PlayStation Plus.

Les possesseurs de la current-gen dépensent toutefois plus pour du contenu dans les jeux (+176%) que la génération précédente. Une part très importante du budget des gamers est donc allouée pour les DLC, prenant en compte bien-sûr les microtransactions. Par rapport à la PS4, nous pouvons noter une hausse du budget dans les services (+57%) avec notamment le lancement en juin 2022 de la nouvelle version du Playstation Plus.

Sony annonce également une hausse des revenus provenant des accessoires (+34%) , ce qui s’explique surtout par la sortie du PlayStation Portal en novembre 2023. Toutefois, les joueurs dépensent moins en achat de jeux complets (-12%). Les abonnés au PlayStation Plus, quant à eux, seraient de près de 60 millions alors que chez le concurrent Xbox, il y aurait près de 34 millions de membres.

La nouvelle stratégie de Playstation Studios

Hermen Hulst, le nouveau responsable des PlayStation Studios qui succède à Jim Ryan, a donné des précisions sur l’évolution de la stratégie lors de ce Sony Business Segment Meeting 2024. Il a mis en évidence trois axes primordiaux, ce qui s’apparente à une stratégie à 360° pour l’année 2024 pour PS5.

PlayStation souhaite bien sûr développer ses franchises existantes et avec les revenus ainsi générés, pouvoir créer de nouvelles propriétés intellectuelles. En franchises existantes, il faut entendre évidemment God of War, Horizon, The Last of Us et  Marvel’s Spider-Man. Lors de ce bilan, nous avons pu apprendre que le dernier opus d’Insomniac Games s’est vendu à plus de 11 millions d’exemplaires depuis sa sortie. À noter que sa note Metacritic de 90 a bien été mise en avant lors de cette présentation, mettant en évidence l’importance apportée à la qualité du jeu à sa sortie et au retour de la presse unanime.

La deuxième direction de cette stratégie concerne les jeux services. Stratégie qui avait fait grincer des dents auprès des fans PlayStation lors du showcase en fin de l’année dernière. Pendant des années, la marque nippone était synonyme de solos narratifs, toutefois nous assistons à un changement de direction en douceur. Le but est de générer des revenus avec des jeux comme Fairgame$ de Haven, Concord par Firewalk et Marathon de Bungie. Des jeux de tir, principalement multi-joueurs qui, s’ils trouvent leur public, peuvent créer de la rétention sur le PlayStation Plus. Évidemment, personne ne peut oublier l’acquisition par le concurrent Xbox de la licence phare du secteur, à savoir Call of Duty. Dans un secteur en permanente mutation et avec des coûts de développements de plus en plus importants, pouvoir avoir des revenus continus n’est pas négligeable.

La troisième direction annoncée par le responsable de PlayStation Studios est certainement la plus impactante. C’est de rendre disponible de nouveaux contenus sur d’autres supports comme Helldivers 2, sorti simultanément sur PS5 et PC. La plupart des jeux dit « jeux services » arriveront Day One sur les 2 supports. Un changement de politique, mais Helmen Hurst rappelle quand même que les titres narratifs en seront exclus. La sortie de Ghost of Tsushima sur PC en mai dernier en est le parfait exemple, puisque l’idée est de toucher une nouvelle cible, les joueurs PC, 4 ans après sa sortie sur PS5, sans pénaliser les ventes sur consoles. Tout en sachant que le 2eme opus semblerait en développement. En parlant de nouveaux contenus, PlayStation va accentuer le transmédia, comme la série The Last Of Us, plusieurs projets sont dans les cartons. À voir si cette évolution dans la stratégie de Sony portera ses fruits et lui permettra de continuer à assoir sa position sur le marché du jeu vidéo, face à un Microsoft toujours plus ambitieux.

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