Avant toute chose, sachez que cette critique de Dune 2 contient quelques spoilers. Je dois reconnaître qu’avec ce « Dune : deuxième partie » , Denis Villeneuve aime les projets ambitieux. Et on peut dire, qu’il a trouvé un terrain idéal pour exprimer ses appétences envers le cinéma de science-fiction (notamment, grâce aux moyens qu’on lui donne) . Le réalisateur n’en est donc pas à sa première œuvre traitant d’un genre inépuisable…

Et il fallait déjà oser s’attaquer à la suite du “Blade Runner” de Ridley Scott, en renouvelant le concept artistique et surtout narratif d’une histoire complexe et aux accents contemplatifs, mais Ô combien riche et envoûtante. Je dois donc dire que le résultat fut somme toute assez réussi globalement, même si “2049” n’arrive pas à atteindre l’envergure marquante du film original. Mais il ne faudrait surtout pas oublier sa brillante entrée en matière avec « Premier Contact« , où le réalisateur a su rapidement faire preuve d’un réel savoir-faire, que ce soit sur l’’écriture, au-delà de la maîtrise de la mise en scène ou de la direction d’acteurs. Mais assez parlé de Villeneuve, place à Dune, partie 2 !

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Un réalisateur solide et un casting 5 étoiles

Il était évident que devant un projet tel que “Dune”, dont l’œuvre littéraire de Frank Herbert est composée de six volumes au total, il fallait y apporter une vision forte et durable pour le spectateur, dans le travail d’adaptation du premier livre. D’où le choix des producteurs de laisser à Villeneuve l’occasion de décliner l’œuvre en deux parties, afin d’en retenir tous les principaux enjeux et l’essence du livre d’origine, en soi, son univers foisonnant. Le réalisateur se devait de rendre une nouvelle version du livre ultra ambitieuse en termes d’adaptation cinématographique. Si l’on compare avec celle, déjà très compliquée à l’époque, portée par David Lynch en 1984, qui, lui, n’eut pas toutes les cartes en main pour donner libre cours à sa vision de l’œuvre. Bien que son adaptation fut bancale, on sent, toutefois, qu’il a fait ce qu’il a pu, à l’époque, pour s’en rapprocher au mieux.

Pour revenir, à la première partie de l’adaptation du livre, la vision du Québécois reste une jolie réussite. Que ce soit dans la maîtrise artistique que celle de la trame du récit, plutôt captivante et portée par des acteurs convaincants dans leurs rôles respectifs. Je citerai surtout Timothée Chalamet et Rebecca Ferguson en tête, incarnant avec prestance “fils et mère”. J’émettrais cependant quelques réserves sur d’autres personnages clés comme celui jouant le Baron Harkonnen, à savoir Stellan Skarsgard, beaucoup moins impressionnant que son prédécesseur, Kenneth Mc Millan dans le film de Lynch.

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Un univers convaincant et fidèle à Dune

Un peu plus de deux ans après la sortie du premier volet (2021) , nous voici enfin avec « Dune : deuxième partie » , ce nouveau chapitre qui conclut l’histoire fastueuse du premier livre. La première chose qui m’a frappée en découvrant cette séquelle, c’est inévitablement la beauté picturale de la représentation grandeur nature de la planète des sables, Arrakis. Denis Villeneuve se devait de faire aussi bien, sinon mieux, sur l’ampleur artistique du projet, vue le style visuel, affiché dès le 1er volet.

Ici, dès les premières images, on est transporté dans l’univers de Frank Herbert. Tout y est pour vous faire ressentir l’immensité de la planète, son atmosphère unique. Et ce, à travers des images sublimes, filmées sous toutes les coutures pour nous en mettre plein les yeux et les oreilles. Car le son, ici, est d’une importance capitale pour vivre ce qu’on l’on découvre et entend sur grand écran. On sent bien que les moyens sont là pour continuer à transcender la vision du livre en lui donnant une dimension encore plus épurée, plus fascinante et enivrante de par la démesure du projet.

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Un peu trop contemplatif…

Malheureusement, passées la splendeur visuelle et la maîtrise technique globale de l’œuvre, les défauts inhérents au film pointent rapidement. Notamment dans le style de la narration, contemplative, ce qui n’est pas un choix à contester, mais loin d’avoir justement un aspect fascinant dans ce qu’elle propose, du fait d’un problème de rythme évident dans les évènements qui mèneront Paul Atréides à sa destinée. Avant un final qui lui, à contrario est très vite expédié, et qui se résume à une fin, somme toute assez convenue.

Mais il faut revenir surtout aux enjeux du film. La relation complexe entre Paul Atreides, le messie attendu, et le peuple Fremen qui lui fait traverser différentes épreuves dans le désert afin que s’accomplisse son destin de meneur du peuple, face à l’oppresseur Harkonnen. Comme je dis, il faut donc réussir à se laisser porter par des longueurs parfois inutiles. Tout l’apprentissage de Paul, où j’ai parfois l’impression que le réalisateur a du étirer le récit au maximum pour qu’on en arrive à différentes saynètes plus ou moins intéressantes, selon l’importance qu’on accorde ou pas aux intrigues de pouvoir. Excepté la ligne narrative concernant la mère de Paul Mua’d Dib, plus prenante à mon gout que celles des autres personnages clés (Comme celui joué par Christopher Walken ou Stellan Skarsgaard). Une dame Atréides (formidable Rebecca Ferguson), vouée à aider son fils à accomplir son destin, en particulier, avec l’aide de sa future petite sœur. Alors encore bébé dans le ventre de sa mère et qui à le don de communiquer avec elle par télépathie.

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Un rythme trop inégal

Sachant que le film fait 2h45, “Dune 2” s’étire longuement, avant d’arriver (enfin) au point culminant du film, la bataille finale, qui reste la plus grosse déception du film. Tout s’enchaine vite, à tel point que l’on a à peine le temps d’apprécier la beauté des images qui défilent à l’écran. Mais surtout, tout ceci manque clairement d’un souffle épique que la mise en scène, pourtant très solide de Villeneuve, n’arrive pas à faire décoller, du fait qu’en tant que spectateur, tout parait se dérouler en quelques minutes. Sûrement la faute à une installation, en amont de ce climax, beaucoup trop longue, du fait de scènes souvent répétitives dans le désert, ornée de rêves fugaces mais sans réel intérêt. Mais surtout ce qui ne fonctionne pas, ce sont ces allers-retours dans la narration. On navigue souvent entre les Fremen et les Harkonnen, entre les uns et les autres, au pouvoir, pour nous amener à quelque chose d’assez prévisible, en termes d’enjeux.

Même si surnage, ça et là, quelques scènes vraiment captivantes, des éclairs qui nous remettent bien dans l’histoire. Comme celle ou Paul Atréides (Timothée Chalamet) et Chani (Zendaya) doivent attaquer un convoi Harkonnen qui récoltent l’épice, en résulte une scène ultra efficace, visuellement parlant. Ou bien celle où de nouveau Paul Atréides affirme son pouvoir d’élu face aux Fremen. Ou encore celle de la chevauchée du Ver des sables par Paul, vraiment impressionnante à voir. J’aurais donc aimé pouvoir aussi citer la scène finale, mais on est très loin d’une bataille de l’ampleur de celles qu’on avait pu voir dans “Le Seigneur des Anneaux”, (le Gouffre de Helm pour ne citer qu’elle…) . Ici, on ne retrouve pas la dimension épique des films de Peter Jackson (pour les scènes de bataille) . La faute à une vision expéditive de la fin où tout se succède, sans prendre le temps de savourer l’ampleur de la situation du conflit.

Idem, pour le combat entre Paul et Feyd Rautha, basique et vite conclu. C’est donc plus de la déception, qu’un réel engouement qui ressort de cette critique de Dune 2. Alors que le 1er volet me paraissait quand même plus abouti dans sa finalité, notamment sur la façon de gérer le rythme des évènements jusqu’à la fin. Je précise cependant, que je ne pourrai comparer le film aux livres, ne les ayant, pour ma part, jamais lus.

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Conclusion de ma critique de Dune 2

Mais au-delà de l’aspect artistique de l’œuvre en elle-même, qui reste absolument la plus grande qualité de cette suite, le reste me paraît assez vain. Même si cela reste un bon film de science-fiction, qui mérite d’être vu en salles, bien évidemment. Je reste cependant sur ma faim, en ce qui concerne les choix adoptés par la narration, qui posent un réel problème de rythme. Au final, « Dune : deuxième partie » reste un spectacle magnifique visuellement, avec quelques envolées de bonne augure, dans le scénario, mais qui ne suffisent pas à en faire un mètre étalon du genre. Et qui peut laisser perplexe, si les compteurs ne sont pas remis à zéro, quant à un troisième film à l’identique, car là, ce serait vraiment dommage… mais l’espoir fait vivre…

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