« Tu craches ou t’avales ? » , sans délicatesse je démarre cette critique de Deadpool & Wolverine sur cette réplique lâchée dans la dernière partie du film par Ryan Reynolds, et qui résume assez bien le rapport que j’ai avec ce film, à savoir y adhérer totalement ou le rejeter, même si au final je suis coincé entre les deux. Si la vulgarité omniprésente et les punchlines bien crades sont la signature de ce super-héros décalé et peuvent faire sourire 2 minutes, que reste-t-il au film une fois débarrassé de tout cet enrobage superflux ? On en parle dans cette critique sans spoil.
L’art de faire monter la sauce
Dire que Deadpool & Wolverine était attendu serait un doux euphémisme tant Hugh Jackman et, surtout, Ryan Reynolds, en fins communicants, ont fait monter la hype depuis 2017 sur les réseaux sociaux et dans les médias pour exprimer leur volonté commune de faire ce film. Une fois le projet officiellement lancé en 2022 ils en ont évidemment remis une couche, soutenus cette fois-ci par la production à coup de teasers humoristiques. Tout l’arsenal marketing de la super production Hollywoodienne a été évidemment déployée avec les classiques bande-annonces nerveuses et drôles, les images de tournage balancées sur le web, les partenariats et autres campagnes de pub avec des grandes marques (Heinz, Heineken, Xbox…) ou encore les évènements spéciaux dans les jeux vidéos comme Fortnite ou Marvel Strike Force.
Du bon Deadpool pour commencer
Maintenant que le contexte est posé on peut attaquer cette critique de Deadpool & Wolverine et je ne vais pas y aller par 4 chemins : la promesse est tenue car c’est globalement un bon divertissement. Le film s’ouvre sur une scène de combat gore et horripilante à souhait, à coup de chorégraphies bien calibrées et de commentaires inspirés pour mieux briser le 4e mur, avec en fond musical Bye Bye Bye de NSYNC et quelques pas de danse calés sur le rythme de la musique entre 2 découpages de membres. Oui, on est bien dans un film Deadpool, le cahier des charges est respecté et ça commence très bien.
S’enchaîne la classique mise en situation en mode « retour en arrière » dans laquelle on retrouve Wade Wilson, alias Deadpool, dans une période où il s’est rangé dans une vie « normale » , non sans regret, et là se pointe l’agent Paradox du Tribunal des Variations Anachroniques (TVA) , qui a la solution à ses problèmes et lui promet de devenir un super-héros de la trempe des Avengers. Problème, il va devoir quitter son univers car celui-ci se détériore petit à petit depuis la mort tragique de Logan, alias Wolverine, puisque ce dernier n’était autre que « l’être d’ancrage » de la Terre-10005, c’est-à-dire un individu indispensable à son univers et dont la mort entraîne avec lui la disparition de son flux temporel. Ni une ni deux Deadpool va traverser le multivers pour trouver un variant de Wolverine afin de sauver son univers.
Un scénario signé Morvelle Studios
Une fois de plus on nous sert donc du multivers, et malheureusement le film en souffre beaucoup. Vous allez me dire que d’un côté Marvel Studios n’avait pas vraiment le choix pour justifier de manière cohérente le retour de son héros griffu. Mais on commence tout de même à en avoir plein le cul de ces facilités scénaristiques servies à volonté dans les productions Disney, tout ça pour faire revenir des personnages bankable et générer sans trop d’efforts beaucoup de pognon pour nourrir ce système capita… bon ok je m’emporte, désolé, revenons au scénario du film… Vous l’aurez compris, l’histoire est surtout un faux prétexte pour faire revenir Wolverine dans la franchise Marvel et tout cela n’apporte rien de bien intéressant à l’univers étendu ni aux personnages de Logan et de Wade Wilson. Mais ça passe, car Disney fait dans l’autodérision et se fait plaisir à allumer tout au long du film la 20th Century Fox, qu’elle a rachetée en 2019 pour plus de 60 milliards de dollars, à travers quelques private jokes assez inspirées. À titre personnel j’ai moins apprécié que le studio se tire une balle dans le pied à plusieurs reprises en critiquant sa mauvaise habitude à surexploiter le multivers. Je trouve ça très pompeux et à la limite du foutage de gueule quand on sait que le film repose entièrement sur ça… Imaginez aller au resto, le serveur vous sert une assiette de caca et vous dit « Hey j’ai chié dans l’assiette ! C’est débile LOL. Vive le RN ! » . Ok, merci Jordan, mais maintenant on fait quoi ? Reconnaître que tu m’as servi de la merde n’excuse ni ne désamorce le fait que tu me mets sous le nez un truc réchauffé dont j’ai pas envie et qui ne t’a nécessité aucun effort cérébral.
Un petit coup de mou mais rien de grave
Conséquence directe, le film souffre d’un gros problème de rythme. Les scénaristes rentrent dans des explications alambiquées tout au long de Deadpool & Wolverine pour justifier de manière lourde et maladroite les enjeux du film, très limités au final, et faire des raccords inutiles avec d’autres productions « pour être sûr que vous avez bien compris l’histoire ». Un film peu inspiré au niveau de l’écriture donc, mais aussi au niveau de ce qu’il propose car on y recycle un peu tout et n’importe quoi. En effet, nos 2 héros se retrouvent après une série d’incidents dans le Vortex, une zone désertique où se trouvent les variants que le TVA supprime, contrôlée par la surpuissante et machiavélique Cassandra Nova. Et pour cette partie assez longue et ennuyeuse du film, la production s’en est donnée à cœur joie : plagiat assumé de l’univers post-apo de Mad Max et récupération quasi sans limite dans les anciennes productions Marvel pour mieux nous gaver de fan-service, certes efficace, mais dont le seul intérêt est de compenser un scénario très faible.
Heureusement le film se reprend et la suite est bien plus intéressante en se tournant davantage sur l’action, l’humour et la complicité naissante des deux super-héros. Si j’ai trouvé Wolverine assez effacé dans la première partie du film, il brille davantage dans la seconde, ce qui apporte beaucoup au film et relance son intérêt. Hugh Jackman n’a finalement pas fait d’erreur en renfilant les griffes et prouve qu’il a toujours le coffre pour incarner Logan.
Conclusion de cette critique de Deadpool & Wolverine
Deadpool & Wolverine arrive donc à sauver les meubles grâce à quelques scènes drôles et clins d’œil bien sentis, appuyés par le trashtalking et l’esprit très tordu de Deadpool. Certaines scènes d’action viennent apporter un peu de rythme, à défaut d’être marquantes et vraiment justifiées, et l’effet nostalgie provoqué par certains personnages a le mérite de fonctionner, même s’il reste très forcé. Le final du film est assez prévisible et attendu, mais on sort de la salle de cinéma avec le sourire, globalement satisfait, en se disant que le drame a été évité, même si ce qui domine chez moi c’est qu’ils auraient pu faire mieux…
Fondateur de zeGeeks, rédac’ chef, responsable éditorial, graphiste, monteur vidéo, webmaster… en un mot le « métronome » du média. Reconnu pour accomplir diverses tâches avec sa bite et son couteau (suisse) . La légende dit qu’il serait le fils caché d’Hideo Kojima et d’Akira Toryama.