Depuis l’arrivée des plateformes de streaming, j’ai une tendance naturelle à me focaliser principalement sur les anime. Hier, sur Netflix, aujourd’hui sur Prime Vidéo, la tendance à écumer le catalogue n’a jamais faibli qui sans aller jusqu’à l’exhaustivité m’a permis de passer de bons moments mais surtout de découvrir de belles pépites. J’aurai pu choisir de faire une critique de nombre d’entre elles mais Blood–C fait partie de ces œuvres qui au-delà de ses qualités intrinsèques font écho à une histoire et culture personnelle. L’anime Blood-c produit par le studio Production I.G., écrit par Junichi Fujisaku et Nananse Ohikawa (de CLAMP) et réalisé par Tsutomu Mizushima (qui a œuvré sur de nombreuses séries comme Witchcraft Works ou Prison School) s’étale sur 12 épisodes en 2011 et un film Blood-C The Last Dark qui conclue les intrigues de la série en 2012.

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« CLAMP Holic »

Avant d’aller plus loin, petit retour en arrière avec ma première rencontre avec le quatuor de CLAMP. Elle n’est d’ailleurs pas directement liée au manga mais à une adaptation en animation de RG Veda qui à travers 2 OAV de 45 minutes sur une vieille VHS édité par Manga Video (pour vous dire que ça date, c’est de mémoire en 1995 !) m’avait laissé un bon souvenir autant par son univers que par son animation. Mais, ce n’est que bien plus tard que j’ai pu mettre un nom derrière les créateurs de cette œuvre.

Permettez-moi ici, de vous faire une confidence, je ne lisais que très peu de mangas jusqu’à une période très récente, cela même si j’ai eu un tome de Dragon Ball entre les mains bien avant d’acheter ma première BD franco-belge. La seule exception notable qui trône dans ma bibliothèque est l’intégrale du manga XXXHolic et de sa suite XXXHolic Reï.

Découverte un peu par hasard via son adaptation animée, j’ai craqué sur cette œuvre fantastique qui examine les joies et les tourments de l’âme humaine autant sur un support que sur un autre. C’est là que j’ai fait plusieurs connexions avec d’autres animes vus par ailleurs, Sakura Card Captor, X et pour finir Tsubasa Chronicles qui possède des liens privilégiés lien avec XXXHolic. Toutes ces créations faisant partie d’un seul et même univers (avec quelques autres).

On notera d’ailleurs que les deux créateurs suscités de la série Blood-C ont des liens privilégiés avec elles car ils ont autant participé aux autres séries et films adaptés des mangas de CLAMP.

XXX HOLIC

Le sang comme héritage

Quand j’ai appuyé par curiosité sur le bouton de la manette pour lancer la série, une pensée me trottait dans la tête : Pourquoi le nom de la série et du personnage principal, Saya, me parait si familier ?

Certains d’entre vous penseront peut-être au film du début des années 2000, déjà produit par I.G. et tourné intégralement en numérique : Blood The Last Vampire ou la série dérivée Blood+ adaptée des lights novels de Mamoru Oshii. Mais même si les deux animés sont parfois rangés sous la même licence, les deux personnages ne sont pas issus du même univers.

De nombreuses caractéristiques sont néanmoins partagées entre les deux héroïnes au même prénom. Saya Kisaragi de Blood-C et Saya Otonashi de Blood+, apparaissent toutes deux comme une belle jeune femme aux cheveux longs noirs, ont une tendance quasi pathologique à trancher du monstre au sabre faisant jaillir le sang plus que de raison, et ont des liens avec le thème du vampirisme.

L’anime Blood-c, une série déroutante entre comédie et horreur

Mais revenons à notre critique de l’anime Blood-C. Saya Kisaragi est la fille du prêtre shintoïste d’une petite ville de montagne au Japon où peu de choses se passent. Lycéenne maladroite, toujours à vouloir aider son prochain et dotée d’un appétit vorace, elle a tout du personnage kawaï si ce n’est que ses nuits sont occupées à défendre sa ville, épée sacrée en main contre l’invasion des « Anciens ». Face à ces créatures monstrueuses avides de chair et sang humain, son caractère change totalement, mélange de sang-froid, de pugnacité et d’efficacité.

L’alternance entre la comédie en milieu scolaire et l’action horreur peut paraître déroutante au départ surtout que le rythme de la série est assez lent  et assez pauvre au début. Malgré tout, on sent que quelque chose cloche dans ce petit univers clos où les monstruosités lovecraftiennes commencent à déborder la jeune lycéenne transformant le village paisible, en véritable festival de Gérardmer.

Sans aller trop loin dans le contenu scénaristique de la série, plus que la tranche de vie (bizarre) de Saya, ce sont la somme de toutes les interrogations qui planent autour d’elle qui poussera pour certains à enchaîner avec l’épisode suivant. Le personnage reste cependant complètement ingénue face aux évolutions de l’intrigue au mépris d’une certaine forme de cohérence qui peut laisser vraiment perplexe mais qui n’a pas entamé mon envie de poursuivre.

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Le bon vampire se cache dans les détails

L’une des qualités de l’anime Blood-C est paradoxalement sa façon de distiller des détails qui laissent entrapercevoir le voile de la réalité et ce que perçoit Saya aboutissant à la connaissance de qui elle est vraiment. Au fil de ses cauchemars-visions où elle dialogue avec un mystérieux inconnu dans un décor étrange où flottent des fioles de sang, de ses rencontres notamment avec un petit chien qui parle, les échanges avec son entourage, tout transpire le mystère. A commencer par son père sévère qui a du mal à montrer son affection, le gérant de café Fumito qui a l’air de s’intéresser de trop près à elle ou bien sa professeure principale Kanako qui semble avoir un attrait pour les légendes fantastiques.

Son entourage amical, au lycée, est lui, plus classique entre les jumelles Nene et Nono (qui m’ont fait penser à celles de la boutique de Yuko dans XXXHolic) pleines d’énergies, l’amoureux tranquille Itsuki, le grand solitaire et ténébreux Shinichiro, l’amie sur qui on peut compter Yuka, tous entourent Saya rendant ses journées aussi lumineuses que sont sanglantes ses nuits.

Un chara-design réussi

Tous ces personnages sont remarquablement servis par le magnifique character design. Ils font écho aux autres créations animés de Production I.G. quand ils adaptent leur univers ou travaillent directement avec les dessinatrices comme c’est le cas ici. L’uniforme en rouge et noir (promis je ne ferai pas la double référence) est à la fois très classe esthétiquement et renforce la symbolique du sang et l’enfermement du personnage grâce à de petits détails (la petite chaîne, le choix des couleurs).

Le dessin, vraiment élégant, régalera les aficionados de CLAMP. L’ambiance visuelle, solaire le jour contraste avec le malaise inquiétant et oppressant la nuit, parfois en gardant le même décor. L’animation n’est pas en reste, sert bien les scènes d’action, dynamisant les combats de Saya contre les anciens. Enfin la musique appuie parfait l’atmosphère macabre. L’Opening Music par Dustz est excellente et le générique en lui-même font passer l’envie de le zapper. Il comporte qui plus est quelques paroles en français.

Bilan de la critique de Blood-c : des qualités mais une horreur visuelle qui peut choquer

Ce n’était sans doute pas la série de l’année en 2011 mais Blood-C possède des qualités notamment au niveau de son magnifique character design, d’une certaine originalité dû au mélange des genres, mais aussi à son ambiance glauque et enfin son traitement narratif particulier bien que poussif au départ. Certes, elle n’est pas non plus exempte de défauts mais l’on passe un « bon moment » si l’ambiance ambivalente entre comédie de vie lycéenne et l’action-horreur à tendance bien gore vous sied.

Mais, parmi les éléments qui peuvent gêner, certaines scènes sont vraiment insoutenables que j’ai rarement vues à ce niveau-là. On aura vite fait l’envie de détourner le regard en égard des multiples carnages qui émaillent les différents épisodes. Ce qui fait que la série, ne serait-ce que pour cet aspect-là ne conviendra pas à tout le monde. De même, le fait que son personnage principal remette aussi peu en question la façon dont son univers se dégrade pourra en irriter plus d’un-e même si cela est compensée par des révélations ultérieures.

Ce n’est pas sans doute non plus  la série la plus mémorable initiée par CLAMP ou par Production I.G. mais si vous avez aimé, je vous recommande chaudement le très beau et à l’animation remarquable film Blood-C The Last Dark. Se situant six mois après l’intrigue de la série, il conclue parfaitement tous les enjeux sans perdre de temps en route.

Métavampiverse

Cette double filiation donne également l’envie d’explorer à la fois l’univers des dessinatrices mais aussi les aventures de l’autre Saya, dans ce qu’on pourrait appeler des dimensions alternatives. Des live-actions datant de 2017, 2018 et 2020 existent ; ils explorent l’univers de Blood-C mais je ne m’y suis pas risqué. Une pièce de théâtre aussi écrite par Junichi Fujisaku a été joué en 2015. Enfin, histoire d’être complet, parallèlement à la série est sorti en 2011, le manga éponyme dessiné par Ranmaru Kotone de CLAMP en 4 tomes édité chez Kadokawa au Japon et non édité en France. Un préquel intitulée Blood-C Demonic Moonlight est également sorti la même année, il a été dessiné par Ryo Haduki, avec Junichi Fujisaku comme consultant à l’histoire.

C’est aussi, vous l’aurez compris, une occasion pour moi, à travers la critique de Blood-C, de vous parler de CLAMP et de leur univers si particulier.  Et qui sait, peut-être qu’un jour, je prendrai le temps d’en explorer les méandres ici…

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