Petit expresso (Lavazza Crema Gusto, un classique basique) , pour parler de 2-3 petits trucs en vrac : la philosophie derrière les microtransactions (MTX), leurs origines, et un point sur cette loi californienne concernant les jeux vidéo, avec en bonus une discussion sur le prix des jeux vidéo et quelques mythes à ce sujet… 🫶🏽
Les prix changeants des jeux vidéos
Comme on me demande toujours MON avis, je le donne directement, encore une fois, et c’est PERSO… Non, je ne suis pas fan des microtransactions. J’adore les vraies extensions qu’on appelait « add-ons » sur PC à mon époque (ça n’existait globalement que là). Donc les DLC, je dis oui, les personnages ou niveaux supplémentaires, pareil, si j’aime, je prends, sinon, je m’en fiche. Quant aux microtransactions pour acheter un bonus compétitif ou un skin, je m’en fiche royalement et je n’en ai jamais acheté, mais je préférerais que ça n’existe pas. Maintenant, parlons du souci des prix… Alors, d’où ça vient ?
Eh bien, ça fait super longtemps, mais je vais te raconter mon épiphanie dans le monde du jeu vidéo. À l’époque, WoW était le BOSS du game, et tous les studios voulaient faire un MMO (ça te rappelle peut-être quelque chose, c’est une industrie de suiveurs et de modes : cf le jeu de baston, le RTS, le FPS, les action-aventure open world, le MMO, le Battle Royale…). Mais on a réalisé un peu tard que le vrai #1 était Lineage II, un jeu coréen ultra stylé (oui, j’y ai joué, ok). On a donc commencé à s’intéresser davantage aux jeux coréens. En matière de design, on a découvert une fracture dans notre manière de percevoir les jeux. Pour faire simple : tout est une question de ressources. Je m’explique.
Quand tu es jeune, comme je l’ai été il y a bien longtemps, tu n’as pas forcément beaucoup d’argent, mais tu as du temps, alors tu grindes comme un malade pour obtenir ce que tu veux. Quand tu es dans la vie active, tu as beaucoup moins de temps, mais… tu as de l’argent. Donc, on te met à disposition un contenu identique, sauf que, dans un cas, tu dois en baver in-game, et dans l’autre, tu le paies. Ce modèle, impossible à faire passer en Occident, a donc évolué pour éviter le pay-to-win, très mal perçu ici. On conserve l’idée que tu dois mériter ton contenu avec du sang et des cicatrices. Si tu y réfléchis bien, ce n’est pas vraiment plus intelligent, car dans les deux cas, on veut que tu paies ET que tu en baves. Mais c’est le cœur du système qui, ensuite, grâce au machine learning, au A/B testing et à tout ce qu’on peut imaginer en matière de knowledge management, a donné naissance aux gatchas, aux microtransactions, aux cosmétiques, etc. Bref, tout ça n’est que des méthodes visant à augmenter la rentabilité des jeux devenus trop chers à produire, tandis que le public veut toujours payer moins cher.
Petit détour en Californie : parlons du prix des jeux physiques et dématérialisés
Cette nouvelle loi californienne stipule que les jeux « online », qui nécessitent une connexion permanente (e.g. les GaaS, les jeux multijoueurs), devront clairement indiquer que le client n’est pas propriétaire du jeu mais seulement d’une licence. Pour rappel, c’est le cas de TOUS les jeux. Cependant, il est désormais interdit d’utiliser des termes comme « achat », qui laissent supposer une propriété.
Pour l’instant, ça ne s’applique qu’en Californie et cela concerne les jeux, mais aussi les films, séries et albums de musique. Le changement de loi demande une communication plus claire que les contrats de 45 pages. Cela devra être visible sur les boutiques en ligne. C’est une bonne avancée, mais, selon moi, on ne devrait pas s’arrêter aux jeux en ligne (parce que si tu proposes un mode hors ligne, tout va bien, rien ne change). Il faudrait l’appliquer à tous les jeux, qu’ils soient digitaux ou en boîte physique, parce que la propriété du support n’équivaut pas à la propriété de la licence. C’est du droit, je sais que certains auront du mal à comprendre la différence juridique.
Jeux vidéos physiques vs digitaux
Enfin, parlons des mythes concernant le prix des jeux vidéo. La France est une exception avec les supermarchés qui torpillent les prix du neuf en physique. Alors, pour les amoureux du physique, notez bien que cela détruit vos boutiques préférées. Demandez-leur combien ça les fait kiffer ! Autrement, dans le reste du monde, quand on observe l’ensemble des prix de vente et le prix d’achat moyen des jeux, on réalise rapidement que, non, le jeu digital n’est pas plus cher. Il démarre au prix fixé par l’éditeur (qui, par ailleurs, n’est toujours pas suffisant pour les devs, hein), et en version digitale, il passe par de nombreux cycles de promotions et de baisses de prix. On ne va pas faire semblant que les soldes Steam, GOG, Xbox, PlayStation, ou Nintendo n’existent pas. La courbe des prix des jeux diminue avec le temps. Le physique propose souvent des prix plus attractifs au lancement ou via l’occasion, mais ces prix explosent dès qu’on parle de collectors ou de raretés.
Si vous faites le panier moyen d’un consommateur qui achète uniquement du digital et celui qui achète du physique sur une génération actuelle, vous finirez avec un écart minime. Si maintenant vous remontez dans le temps, là, les rétrogamers fans de physique oublient souvent qu’on peut lâcher 300 euros pour des jeux oubliés. Sur le marché des collectors, le contenu est rare, et fatalement cher, puisqu’on parle de collection. Le physique et le rétro, par leur nature, ne peuvent qu’augmenter en termes de prix, et arrêtons de faire semblant qu’on ne peut pas trouver des versions digitales pour 5 euros d’un titre qui en vaudra 1 000 en version NeoGeo. Je sais que ce n’est pas le même plaisir, c’est certain ! MAIS, on a aussi le droit de prendre du recul, de regarder tout ça avec honnêteté, et de réaliser que, même si le digital pose de nombreux problèmes, en termes de prix, il n’est pas automatiquement plus cher. Il ne faut pas se contenter de regarder les prix à un instant T sur un marché unique, mais prendre le temps d’observer l’évolution sur une longue période, voire d’élargir notre vision à tout le jeu vidéo.
Désolé pour le pavé, je viens de doser Zelda (en physique !), quand j’arrivais à mettre la main dessus, et c’est un GROS OUI ! Sinon, je m’amuse sur ma Analogue Pocket et j’ai repris NBA Street Vol. 3 sur GameCube. Je regrette tellement ces jeux d’arcade… EA Big, c’est ce qu’ils ont fait de mieux ! La bise les gamers, et vous, vous jouez sur quoi en ce moment ?
Petit expresso (Lavazza créma gusto, un classique basique), pour parler de 2-3 petits trucs en vrac : la philosophie derrière les mtx avec les origines et un point sur cette loi californienne concernant les JV avec bonus sur le prix des jeux et les mythes à leur sujet… 🫶🏽 pic.twitter.com/CEHpMELN0i
— Aymar Azaïzia (@AymarMtl) September 30, 2024