Le pitch : Dans la zone commune de sécurité entre les deux Corées, une fusillade éclate, entraînant la mort de deux soldats du Nord. Pour limiter la portée de cet incident diplomatique la NNSC (Commission de supervision des nations neutres en Corée) essaie de retracer le fil des événements afin de déterminer à qui appartient la responsabilité de cet incident. D’interrogatoires en flashbacks, l’enquêtrice mandatée révélera petit à petit les détails troublants et recollera les morceaux de ce puzzle en 3 parties.

Area

C’est en 2000 tout pile que l’immense Park Chan-wook (3 Extrêmes (Cut), Mister/Lady Vengeance, Old Boy, Mademoiselle) nous offre Joint Security Area, mais il faudra patienter quelques années avant de le découvrir en France (de manière légale il s’entend). À l’époque PCw n’en est qu’à son 3eme long métrage, le cinéma coréen n’a pas encore les faveurs du public francophone qui ne lui donnera sa chance qu’après la sortie de son cultissime Old Boy (« 15 ans volés » au Québec*) en 2003.

*Oui, quand les titres québécois sont pétés je vais les citer maintenant

Il faudra ainsi attendre 2005 pour voir JSA projeté en France et 2009 pour le voir sortir en DVD, une sortie troublée donc, qui expliquera certainement en grande partie le succès confidentiel de ce film dans nos contrées. (PS : une version restaurée en 4K est ressortie en salle et en Blu-Ray en 2018)

En Corée ? C’est le feu. Le film présentait à l’époque l’un des plus gros budget du cinéma national et embarque deux superstars en devenir, figures de poupe de ce qui va devenir la nouvelle vague du cinéma coréen : le très international Lee Byung-hun (3 extrêmes, A Bittersweet Life, Hero, le T1000 de Terminator Genysis, Squid Game) et l’incontournable Song Kang-ho (Memories of Murder, The Host, Snowpiercer, Parasite, pour ne citer accidentellement que des films de Bong Joon-ho) Le film y rencontre un succès immédiat et éclatant (500 000 places la première semaine, près de 6 millions au total) et devient le plus gros succès commercial domestique.

C'est un poil tendax dans la JSA
C’est un poil tendax dans la JSA

Security

Pourtant le pari était risqué, sorti quelques mois seulement après le Sommet inter-coréen de 2000 (le sommet a lieu en juin, le film sort en septembre), il est le premier film sud-coréen à présenter la Corée du Nord sous un jour nuancé (difficile d’en dire plus sans salement spoiler l’intrigue) Pour la première fois depuis la guerre de Corée (1950-1953), les deux nations semblent s’entendre pour faire un pas l’une vers l’autre pour abaisser la tension (politique du rayon de soleil engagée par Kim Dae-jung en 1998) et le public semble réceptif à ce message.
Pourtant lorsque le film démarre, rien ne laisse présager un tel optimisme.
C’est en effet dans la tension et le sang que démarre notre intrigue. Deux gardes du Nord ont été abattus par un garde du Sud dans un poste de sécurité. Cet incident risque de relancer les hostilités si un coupable n’est pas très rapidement identifié. Le garde sud-coréen affirmant avoir été enlevé et les nord-coréens l’accusant d’avoir envahi leur territoire.
C’est le briefing qui est donné au Major de l’armée suisse Sophie Jean (Lee Young-ae) par la NNSC lorsque l’enquête lui est confiée. Cette dernière doit donc déméler les témoignages contradictoires des deux camps afin de tirer cette affaire au clair.

"Toi tu t'appelles Sophie avec tes yeux-" ok j'ai rien dit
« Toi tu t’appelles Sophie avec tes yeux- » ok j’ai rien dit

Joint

Au film des trois parties qui constituent le film nous allons donc suivre cette enquête, les interrogatoires et autres autopsies seront le prétexte à des flashbacks dévoilant petit à petit les détails intriqués et contradictoires qui finiront par dévoiler une histoire bêtement belle et tragique. Nous prendrons plaisir à alterner les points de vue, à revoir notre jugement, à s’attacher à un personnage, puis à en comprendre un autre, et à nous désoler devant la fatalité. Car on le sait depuis le début, cette histoire ne finit pas bien.

En conclusion JSA est un thriller original dans un contexte inédit à l’époque, sa réalisation soignée, son écriture solide et ses acteurs de talent en font une pépite à ne manquer sous aucun prétexte. S’il y a des choses à regretter dans cette œuvre, elles ne valent pas la peine d’être soulignées ici, faites-vous donc votre avis en le matant.

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