On nous répète depuis près de deux ans les mêmes mantras :
“L’IA va tout remplacer.”
“Ton métier n’existera plus en 2030.”
“ChatGPT travaille plus vite que toi.”
Ok, on respire. Parce qu’entre les titres catastrophes et les influenceurs qui jouent les prophètes, y’a un truc qu’on oublie : les gens travaillent encore.
L’IA change le jeu, oui. Mais elle ne vole pas (encore ?) nos emplois. Et heureusement !
Le storytelling de la peur
La peur, c’est rentable : il nous suffit d’écouter le générique du JT de TF1 ou regarder la dernière émission de W9 pour s’en rendre compte !
Ça fait cliquer, vendre, buzzer. Ça permet la rétention de l’auditoire.
Mais les chiffres, eux, racontent parfois une autre histoire !
Selon l’OCDE (2023), environ 27 % des emplois dans les pays membres sont considérés comme “hautement exposés” au risque d’automatisation.
Ce chiffre ne veut pas dire que ces postes vont disparaître, mais que leurs tâches vont profondément évoluer.
Source – OCDE : Employment Outlook 2023
Et selon le World Economic Forum (Future of Jobs Report 2023), l’IA pourrait supprimer 83 millions d’emplois… mais en créer 69 millions.
Il s’agit d’une « simple » mutation massive du travail.
En clair : la peur fait vendre. La compréhension, elle, fait avancer.
Écoutez notre émission : IA générative : quels risques sur l’industrie du jeu vidéo ?
Les juniors : premiers en ligne de mire contre l’IA
Le public le plus exposé par ces mutations liées à l’IA ? Les jeunes.
Les tâches de début de carrière : mails, rapports, tableaux, synthèses, sont les plus automatisables.
Et forcément, c’est par là que l’IA commence à grignoter des « parts de tâches« , c’est comme ça que je vais les appeler.
L’OCDE le confirme : les travailleurs jeunes et peu qualifiés sont les premiers concernés par le remplacement de certaines tâches.
Source – OCDE, 2023
Mais ce n’est pas une condamnation : c’est un virage.
Les juniors qui apprennent à piloter l’IA, au lieu de la subir, prendront déjà une longueur d’avance.
Ce que l’IA fait vraiment à nos métiers
L’IA ne “vole” pas des métiers.
Elle démonte les tâches, les trie, les optimise.
Un avocat ne disparaît pas parce qu’un modèle résume un contrat : il gagne du temps pour penser sa stratégie.
Un graphiste ne devient pas obsolète parce qu’un algorithme génère un visuel : il devient curateur d’idées, ensuite il les remodèle, les reconstruit, les transforme.
Et les données récentes le prouvent…
Le tournant GDPval : quand OpenAI mesure la réalité
Il y a quelques jours, le 25 septembre 2025, OpenAI a publié GDPval (aussi appelé GPT-Eval), un benchmark inédit qui évalue l’IA sur 1 320 tâches issues de 44 métiers dans 9 grandes industries.
Pas des tests théoriques, mais de vraies missions : plans d’ingénierie, briefs juridiques, présentations PowerPoint, tableaux Excel.
Les résultats ? Franchement bluffants.
Les modèles récents comme GPT-5 et Claude Opus 4.1 atteignent des performances comparables à celles de professionnels humains dans certaines tâches.
Source – OpenAI : GDPval (GPT-Eval), 2025
Mais attention : GDPval est un test de labo.
Les missions sont cadrées, sans imprévus, sans dialogue client, sans boucles de correction.
OpenAI le précise : ces scores ne reflètent pas encore la complexité du travail réel, mais montrent à quelle vitesse l’IA s’en approche.
En gros, on est d’accord : l’IA commence à savoir faire le job… mais elle ne sait toujours pas gérer tout ce qui va autour.
Et c’est là que l’humain reste irremplaçable.
Écoutez notre émission : Développeur de jeux vidéo : métier passion précaire ?
Ce que l’humain garde (et gardera toujours) VS à l’IA
Même boostée à la data, l’IA ne comprend pas la nuance.
Ce qu’elle n’a pas, c’est ça (entre autres) :
- Le jugement, le vrai : sentir le bon moment, la bonne idée en prenant tous les aspects humains et structurels d’une situation, d’un moment, d’une tâche précise.
- La créativité émotionnelle, celle qui naît d’une intuition. Celle qui a créé des bonbons iconiques. Qui a permis de faire perdurer des œuvres et/des auteurs détestés jadis.
- L’intelligence sociale : savoir convaincre, apaiser, inspirer. Pas par les mots, mais par le non-verbal. Les mimiques du visage, les accolades, les gestes et acquiescements de Martine de la compta !
- La curiosité : celle qui pousse à apprendre sans but précis. Pas celle qui cherche simplement sur 42 sources de l’Internet international, non. Celle qui te pousse à te poser des questions à la con, comme : pourquoi Hanouna ?
- La communication : transformer du complexe en dialogue adapté. Communiquer avec Martine et Cyril, pas à une suite de 0 et de 1. S’adapter à une personnalité. Pas à un algorithme.
C’est notre capital humain.
Et c’est lui qui nous rend irremplaçables.
Et c’est lui que l’IA n’aura jamais.
On peut devenir “IA-compatible” ?
Oui. L’IA n’est pas un rival. Ça peut devenir un stagiaire zélé.
Elle peut nous aider dans le boulot. Comme dans le perso.
Quelques repères simples :
- Automatise le répétitif.
Laisse-lui les tâches sans âme. Et il y en a ! - Concentre-toi sur le sens.
Elle exécute, toi tu penses. Tes mots, ses bras. - Apprends à lui parler.
Le bon prompt, c’est une nouvelle forme d’intelligence. - Reste curieux.
Seulement 10 minutes par jour ou de temps en temps sur un nouvel outil suffisent à rester dans le train. - Forme-toi sans te noyer.
L’agilité vaut plus que la spécialisation.
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Les gagnants seront les “IA-compatibles”
Les technophobes vont galérer.
Les curieux, les hybrides, les créatifs garderont la main, le cap, que dis-je, la péninsule d’un quotidien plus léger !
Rappelez-vous les histoires de grandes marques comme Nokia, Kodak, Polaroïd… quasi disparues des causes de leur réticence à évoluer. Leur réfraction au changement. Leur manque d’adaptation.
De nouveaux métiers émergent déjà : prompt engineer, IA designer, data storyteller, curator de contenu augmenté.
On vit une époque où s’adapter, c’est être déjà ancré dans le présent.
En résumé
On nous a menti (ou plutôt, on nous a simplifié la vérité) : l’IA ne tue pas l’humain.
Elle tue l’automatisme sans sens.
Elle tue les tâches rébarbatives.
Elle tue les réfractaires au changement.
Ceux qui survivront ne seront pas les plus forts, mais les plus flexibles.
Les plus humains, justement.
Alors si tu flippes que l’IA prenne ta place, demande-toi :
Qu’est-ce que je peux faire, moi, que la meilleure IA du monde ne saura jamais faire et ressentir ?
Vous avez 4 heures.
Sources

Je m’appelle Antonino aka Le Promptologue sur ZeGeeks. Chef de projet Web & Print, je suis du genre touche-à-tout curieux, toujours entre 2 idées, 3 projets et 4 nouvelles technos inexplorées. J’aime créer, raconter, connecter les gens que ce soit à travers un site, une marque, un outil ou une simple discussion. Fan de padel, de technologie, d’intelligence humaine et aujourd’hui aussi artificielle, je cherche ce petit équilibre entre créativité, clarté et folie douce. Mes articles sur ce blog seront essentiellement tournés vers l’IA et les métiers créatifs.






